Rencontre avec Les Ombres

C’est autour de Bach que Les éléments s’associent pour la première fois avec l’ensemble Les Ombres. En résidence à l’Opéra Orchestre National de Montpellier, Les Ombres sont codirigées par Margaux Blanchard et Sylvain Sartre, et mènent avec passion des projets de musique de chambre autour de Bach, Couperin et Telemann, aussi bien que des créations scéniques plus importantes en orchestre de chambre.

Nous avons rencontré Margaux Blanchard et Sylvain Sartre pour parler codirection et création de ce programme Bach avec le chœur de chambre Les éléments.

Comment est née la création de l’ensemble Les Ombres ?

Margaux : Sylvain et moi on s’est rencontré à la Schola Cantorum, à Bâle. C’est pendant nos études qu’on a eu envie de monter notre projet. On avait des musiciens incroyables autour de nous, des projets de musique de chambre dans tous les sens. Mais on avait déjà un « son ». Je crois que c’est notre identité, ce son qu’on a créé à deux: la flûte et la viole, c’est une esthétique particulière, qui mène forcément à un certain type de répertoire. Notre engagement dans l’ensemble et la double direction a pris son sens dans le temps. C’est en échangeant, en évoluant chacun dans nos propres parcours qu’on a pu construire un projet aussi original.

Sylvain : Quand j’étais à Bâle, j’avais déjà un parcours professionnel à mon actif et très envie de m’accomplir dans un projet personnel. Par ailleurs, je trouve cela très enrichissant de rejoindre un pupitre d’orchestre. C’est par exemple lors d’une de mes premières expériences orchestrales que j’ai fait la rencontre avec le répertoire français du début du 18ème et le chef d’orchestre passionné Hervé Niquet, ce qui m’a donné envie de fonder Les Ombres.

Vous codirigez cet ensemble, qu’est ce que cela représente ?

Sylvain : Beaucoup de patience et de remise en question. L’autre c’est le regard extérieur, mais aussi le doute, la peur, l’inconnu. Alors on s’apprivoise, on apprend de ses expériences, et on avance. Je crois que Margaux et moi avons évolué en même temps que le projet. Et c’est ça qui fait sa richesse, aussi bien humaine que musicale.

Margaux : La double direction, c’est une sorte de monstre fabuleux à deux têtes dont le tronc commun serait les musiciens que l’on rassemble, qu’on fidélise et qui font aussi notre identité. Et puis on adore mixer les générations, les nationalités et les influences dans nos projets !

Comment se préparent les projets ?

Margaux : Justement ils s’articulent toujours autour d’une rencontre, ou d’un spectacle ou d’une expo qui nous a marqués. On a un petit carnet d’idées, et puis what’s app! C’est un outil génial pour échanger des idées, des photos, des vidéos, que l’on partage aussi avec Louis Grangé, notre chargé de diffusion. Les Ombres, c’est un vrai travail d’équipe. Alors, la réalisation de ces projets prend un peu plus de temps qu’un projet perso, mais c’est tellement riche!

Sylvain : Margaux est très tournée vers le théâtre par exemple, moi plus vers l’opéra. Elle m’a présenté le comédien et metteur en scène Guillaume Barbot. On a monté Baroque Fantastique ensemble, un projet incroyable autour de Prévert et Desnos. Un magicien a rejoint l’équipe, c’était vraiment nouveau ! Tout jouer par cœur, imbriquer poésie, improvisation et vidéo sur un même spectacle. Moi j’ai beaucoup d’envies de répertoire, et Margaux fait beaucoup de rencontres dans ses divers projets qui nous permettent de réaliser ces envies.

Le nouveau projet avec les éléments est une première pour vous, l’ensemble sera dirigé par un troisième chef, comment l’envisagez-vous  ?

Sylvain : Les Ombres fonctionnent déjà comme un collectif. C’est un fonctionnement très courant au théâtre, beaucoup moins en musique. On est d’ailleurs à fond dans la propagande : montez des collectifs jeunes gens!

Donc intégrer un troisième chef, c’est surtout intégrer une personnalité musicale. Joël nous a d’ailleurs totalement mis à l’aise, il a très bien compris l’identité de l’ensemble et c’est cela justement qui l’intéresse. On se réjouit beaucoup de rencontrer le chœur, et d’aborder la musique de Bach, surtout la messe brève en sol mineur qui est un chef d’œuvre.

Margaux : Le répertoire de Bach est incontournable quand on est amoureux de baroque et porteur d’un ensemble. Ne pas l’aborder, c’est un peu comme si on faisait de la viole sans jamais jouer du Marin Marais. Joël et Sylvain se sont croisés plusieurs fois à Paris, et nous sommes implantés dans la même nouvelle grande Région Occitanie. On venait de créer Bach, père et fils, un programme en trio autour de la famille Bach, et on avait envie d’agrandir notre effectif. Pour nous c’est un vrai plus de travailler avec un ensemble qui a une histoire comme les éléments. Déjà tout un répertoire à son actif, et qui peut nous apporter un nouvel éclairage, et faire évoluer notre son.

Comment imaginez-vous la création de ce programme ?

Sylvain : On a défini les grandes lignes musicales, et l’effectif ensemble. Aucun doute que cela sera un projet majeur de notre saison. Notre parcours à Bâle nous a donné une vraie intimité avec la musique de Bach. En susse alémanique, où la population est protestante et souvent pratiquante, on célèbre à Pâques la passion dans des églises pleines à craquer. Les gens y croient! Et c’est cette ferveur qu’on cherche à transmettre. Pas seulement un beau concert. Rien de tel que notre création à Lourdes pour la ressentir, cette foi!

Margaux : Je crois qu’on peut rapprocher les éléments et les Ombres autour de cette notion: petits ou grands projets se doivent de créer de l’intimité avec le public, et de lui faire partager et ressentir au plus près l’éventail des émotions transmises par la musique. Le baroque en particulier est coloré d’une grande palette d’affects qu’on ne doit pas lisser mais au contraire dessiner afin d’en tracer le contour et faire renaître l’émotion originelle: celle d’une musique du présent que les interprètes d’aujourd’hui sont à même de transmettre, intacte.

Vendredi 7 avril 2017 20h30 | Festival de Lourdes

BACH – Messe en sol, Cantates et Motets

Infos et réservations :

50ème festival international de musique de Lourdes

 

 

 

 

© Nemo Perrier Stefanovitch / Jean-Baptiste Millot