Sérénade d’hiver
Le programme Sérénade d’hiver devait voir le jour à Odyssud-Blagnac en cette fin d’année 2020. Le contexte actuel ne le permet pas mais ce n’est que partie remise !
Nous avons cependant été heureux de pouvoir, durant cette semaine du 7 au 11 décembre 2020, réunir notre belle équipe de chanteurs pour commencer le travail de ce programme joyeux de fin d’année.
Le Théâtre de la Cité nous a chaleureusement accueillis à Toulouse pour ces retrouvailles musicales et nous l’en remercions beaucoup. Cela nous a aussi donné l’occasion de présenter le fruit du travail de la semaine au personnel du théâtre. Plaisir de retrouver un petit public !
Avec ce programme, Joël Suhubiette nous invite dans un voyage musical mêlant chansons et poèmes célébrant l’hiver et polyphonies sacrées de circonstance. On évoque la nativité mais aussi le froid, les paysages blancs. On grelotte, on se réchauffe au coin du feu, on s’aime, on trinque et l’on chante….Une veillée d’hiver où Joël Suhubiette et les chanteurs du choeur de chambre toulousain interprètent des musiques françaises du moyen-âge à nos jours.
Retour en images sur une semaine de résidence…
pas comme les autres !
/ Découvrir le programme détaillé /
Joël Suhubiette, à propos de « Sérénade d’hiver »
Rencontre avec Patrick Burgan
Nous profitons de ce temps de résidence toulousain pour vous (re)présenter Patrick Burgan, compositeur complice des Éléments depuis de nombreuses années que nous avons interrogé sur sa création pour ce programme « Chants de neige ».
L’œuvre de Patrick Burgan, qui compte quatre opéras ainsi que de nombreuses pièces instrumentales, symphoniques et vocales, se voit régulièrement jouée dans la plupart des pays du monde par des orchestres, ensembles et solistes prestigieux. Le compositeur toulousain connaît bien le choeur pour avoir déjà composé pour lui œuvres a cappella et œuvres avec accompagnement instrumental.
Pour ce programme autour de l’hiver et du temps de Noël, Patrick Burgan a choisi un cycle de cinq pièces « Chants de neige » pensé et interprété comme un tout. Cinq poèmes en cinq langues différentes dans une écriture rassemblée en un cycle d’à peine cinq minutes. Nous avons profité de la présence de Patrick Burgan pour l’interroger sur ces nouvelles pièces pour choeur a cappella.
Vous avez choisi cinq poèmes dans cinq langues différentes. Qu’est-ce qui vous a guidé dans le choix des poèmes ?
Comme toujours quand il s’agit d’une commande, j’ai tenté d’appliquer à la lettre le cahier des charges : la neige, l’hiver, le froid, le coin du feu, Noël, 16 voix, 4 mn max.
Je trouve toujours que les cahiers des charges précis sont exaltants, car la contrainte qu’ils infligent canalise et stimule l’imagination.
Donc, mon premier travail est de chercher des textes ad hoc. La durée relativement courte m’oriente vers la poésie. Et me voilà à (re)lire quantité de poèmes dans mes anthologies, cela dans les langues que je maîtrise assez bien ; je me sers aussi d’internet pour élargir le champs de recherche. Je recense les textes que je crois les mieux adaptés au projet pour choisir, par élimination, celui qui sera idéal. Mais cette fois-ci le choix était difficile, car il y avait beaucoup de textes passionnants, et ce dans des langues différentes.
D’où l’idée d’en garder plusieurs ; décision délicate car le tout ne doit pas excéder 4 mn.
Je me limite à 5 poèmes : 5 pour une question de symétrie, car j’ai déjà dans la tête 2 pièces effervescentes aux extrêmes et 1 très douce au centre ; et ceci hors poèmes… c’est difficile à expliquer : la forme globale et l’énergie générale est présente assez tôt. C’est pour cela qu’il faut trouver les textes qui conviennent ; ensuite ces textes vont instiller leurs contenus sémantique et phonétique dans la pièce.
J’aurais pu prendre 3 poèmes, mais un « coussin » formel était nécessaire pour absorber de part et d’autre l’énergie des extrêmes, et mettre en valeur la douceur quasi monodique de la pièce centrale.
J’ai donc choisi les poèmes qui s’adaptaient le mieux à l’idée formelle dont j’ai parlé plus haut ; et bien sûr dont le contenu était riche en images, et propice à une transmutation intéressante dans la matière sonore.
De plus, 5 langues différentes donnaient un caractère plus universel (tout au moins européen, en l’occurrence) à cette thématique somme toute centrée sur la période de Noël, donc de la Nativité.
Quelle écriture avez-vous adopté pour ces pièces très courtes ?
Avec ce choix de 5 poèmes, chaque pièce devait donc durer en moyenne moins d’une minute ; une gageure si l’on considère la longueur de certains textes, et le monde particulier qu’il faut créer pour que chaque poème ait son écrin personnel.
Par sécurité, j’ai établi la durée de chaque pièce avant de l’écrire, en fonction du potentiel poétique et du caractère qui en découlait.
Je tenais aussi à varier la densité polyphonique, pour des questions d’équilibre dans le cycle : la division en 16 voix réelles était quasiment imposée par les poèmes extrêmes (n°1 et 5) ; la monodie centrale (qui n’est pas complètement une monodie, mais en a la physionomie) dont j’ai déjà parlé ; restaient le n°2 (4 voix) et le n°4 (8 voix globalement, mais en théorie, car je joue sur l’opposition des registres hommes-femmes, avec une petite dérogation centrale où le texte imposait une division plus importante)
Vous avez écrit déjà plusieurs fois pour les Eléments. En quoi votre connaissance spécifique du chœur et du travail de Joël a-t-elle eu ou non une incidence sur vos choix d’écriture ?
La connaissance préalable des interprètes a toujours une incidence sur l’écriture ; et c’est aussi un confort, en écrivant, d’entendre exactement le son du chœur tel qu’il sonnera.
Globalement, le niveau vocal et technique de ce chœur de chambre, tout comme l’exigence de son chef et la confiance qu’il fait aux compositeurs, me permettent de laisser libre cours à des configurations chorales parfois très périlleuses. Entendons-nous bien : les audaces virtuoses que je me permets, et dont je sais qu’elles seront travaillées ici avec acharnement et réalisées au mieux, vont toujours dans le sens d’une nécessité musicale. Je cherche au contraire toujours les solutions les plus simples, mais certaines idées induisent inéluctablement des difficultés évidentes de réalisation.
Plus précisément pour cette œuvre, la présence d’un ténor anglophone m’a incité à lui faire déclamer un texte anglais de manière échevelée et littéralement shakespearienne ; et une soprano que je connais pour ses beaux aigus se voit confier une ligne allant jusqu’au contre-mib.
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